(Suite de la page 4)

Le temps, allié et non plus obstacle à défier, entre en jeu et laisse son empreinte sur la toile.
Chez MENAGER, l'espace tient souvent à un objet qui se soustrait dans sa neutralité, à un repère qui permet d'entrer dans sa dimension. Ses tableaux, ses dyptiques doivent être regardés dans leur ensemble. Ils ne doivent être ni figuratifs, ni anecdotiques, sous peine d'une intervention musclée de son créateur. Aucune des parties de chaque chose ne semble secondaire, chaque partie vaut le tout. Chaque composition sollicite des suggestions d'un matériau déjà façonné et usé.

A cela s'ajoute la touche personnelle du jeune artiste qui va forcément nous intriguer. Un chiffre : un 0 ou un 3 inversé dans les dyptiques; une lettre : un a ou un x; un papier déchiré, coloré; une inscription structurent les éléments, équilibrent la composition dans l'espace visuel et mental. Et là n'en déplaise à MENAGER - qui se veut discret, timide pour un peu -, l'oeil du spectateur est happé par ce petit détail noyé dans la matière de couleurs naturelles. Mais ce petit rien nous en dit bien long sur sa démarche et nous révèle son cheminement. Car, il surgit souvent en opposition aux formes carrées, rectangulaires ou aux lignes que l'artiste affectionne. Car, il contrebalance l'ensemble de l'oeuvre.

C'est cette marque du temps et de l'homme qui replace la toile et ses éléments dans son contexte contemporain.
C'est cette intervention qui fait frémir devant la toile, qui donne envie de toucher, de sentir la matière, simultanément presque déjà disparue et vivante. Mémoire revisitée par la main de l'artiste.

Muriel CARBONNET